usufruit
Articles Juil 2024

Usufruit – définition

L’usufruit, souvent évoqué dans le cadre d’une succession ou d’une donation, peut parfois sembler complexe à appréhender. C’est un droit qui permet d’utiliser un bien et d’en percevoir les revenus, sans toutefois en être le propriétaire. Ce guide vous aidera à comprendre ce concept en profondeur, à distinguer l’usufruit de la nue-propriété et à connaître les responsabilités de l’usufruitier. Nous aborderons également des points spécifiques comme la valeur de l’usufruit selon l’âge et les implications en cas de vente.

Définition et principes de l’usufruit

L’usufruit est un concept juridique qui se réfère à la jouissance d’un bien appartenant à autrui. Issue du latin usus, signifiant « usage », et fructus, signifiant « jouissance », cette notion est principalement utilisée dans le cas de successions. L’usufruitier dispose d’un droit réel d’usage et de jouissance sur la chose d’autrui, par le jeu d’un démembrement de la propriété.

Cela signifie que l’usufruitier peut utiliser le bien, en tirer des revenus (par exemple, en le louant), mais il ne peut pas en disposer à sa guise (par exemple, le vendre). En contrepartie, il a l’obligation d’assurer l’entretien du bien et de respecter les droits du nu-propriétaire.

Notons que la durée de l’usufruit est généralement temporaire et peut être définie par la loi ou par la volonté des parties.

Distinction entre usufruitier et nu-propriétaire

L’usufruitier et le nu-propriétaire sont deux figures clés dans le démembrement de la propriété. Ils disposent de droits distincts sur un même bien.

L’usufruitier a le droit d’utiliser le bien et de percevoir les revenus qu’il génère. Cela peut impliquer l’occupation du logement ou la possibilité de le louer. Cependant, l’usufruitier n’est pas propriétaire du bien et ne peut pas le vendre sans l’accord du nu-propriétaire.

Le nu-propriétaire, quant à lui, détient la propriété du bien sans pouvoir en jouir pleinement. Il a le droit de disposer du bien, c’est-à-dire de le vendre ou de le transmettre, mais il ne peut ni l’utiliser, ni percevoir les revenus qu’il génère tant que l’usufruit existe.

La distinction entre ces deux figures est cruciale pour comprendre les implications fiscales, les responsabilités de chaque partie et la gestion du bien.

Calcul de la valeur de l’usufruit

Le calcul de la valeur de l’usufruit est une opération délicate qui prend en compte plusieurs facteurs. Il est généralement effectué en fonction du barème fiscal en vigueur, qui dépend de l’âge de l’usufruitier et de la valeur en pleine propriété du bien.

La valeur de l’usufruit est ainsi définie en pourcentage de la valeur du bien en pleine propriété. Par exemple, pour un usufruitier de moins de 41 ans, la valeur de l’usufruit est de 70% de la valeur du bien.

Outre le barème fiscal, d’autres éléments peuvent être pris en compte dans le calcul de la valeur de l’usufruit, comme l’espérance de vie de l’usufruitier ou le rendement du bien.

Il existe également des simulateurs en ligne qui permettent d’estimer la valeur imposable de l’usufruit et de la nue-propriété. Ces outils s’adressent à la fois aux professionnels et aux particuliers intéressés par ce régime juridique.

L’usufruit dans le cadre d’une succession

L’usufruit joue un rôle prépondérant lors d’une succession. Il permet, par exemple, au conjoint survivant de conserver la jouissance du bien familial, tout en octroyant la nue-propriété aux enfants du défunt. Dans ce contexte, l’usufruitier a le droit d’utiliser le bien, d’en percevoir les revenus, mais ne peut le vendre sans l’approbation du nu-propriétaire.

  • Il peut arriver qu’un héritier devienne usufruitier dans le cas d’une donation de bien faite par les parents.
  • L’usufruit est un droit viager, ce qui signifie qu’il s’éteint à la mort de l’usufruitier
  • En termes fiscaux, le traitement varie en fonction du lien de parenté entre l’usufruitier et le nu-propriétaire. Par exemple, le conjoint survivant ou le partenaire pacsé bénéficie d’une exonération totale des droits de succession sur la valeur de son usufruit.
  • L’article 617 du code civil énumère les situations dans lesquelles l’usufruit prend fin, notamment par le décès de l’usufruitier, ou par la consolidation des deux qualités d’usufruitier et de propriétaire.

Usufruit temporaire : caractéristiques et avantages

L’usufruit temporaire est un dispositif qui permet à une personne (l’usufruitier) de jouir d’un bien appartenant à une autre (le nu-propriétaire) pour une durée déterminée. Ce droit peut concerner divers types de biens, comme des valeurs mobilières ou de l’immobilier.

L’un des atouts majeurs de l’usufruit temporaire réside dans ses aspects fiscaux avantageux. En effet, le propriétaire d’un bien peut parfaitement le transmettre tout en bénéficiant de certaines exonérations fiscales.

  • Le premier avantage est que si vos parents vous cèdent la jouissance d’un appartement de manière temporaire, ils sont libérés de toutes les charges liées à leur bien immobilier, à l’exception des grosses réparations.
  • L’autre bénéfice de l’usufruit temporaire est qu’il peut souvent assurer un revenu supérieur à celui d’une pension alimentaire, dont la déduction est limitée. Plus votre TMI (Tranche Marginale d’Imposition) est élevée, plus le gain fiscal de l’usufruit temporaire est significatif.
  • Par ailleurs, la donation temporaire d’usufruit permet d’aider ses proches pendant une durée prédéfinie tout en bénéficiant de certains avantages fiscaux.

Il convient de noter que la durée de l’usufruit temporaire est déterminée par le donateur, lui permettant ainsi de récupérer la pleine propriété du bien au terme de la durée convenue, sans formalité particulière.

Les droits du conjoint survivant sur l’usufruit

Lors d’une succession, le conjoint survivant se voit souvent attribuer l’usufruit sur le patrimoine du défunt. Cela signifie qu’il a le droit d’utiliser les biens de la succession et d’en percevoir les revenus. Son droit s’étend à l’ensemble des biens, qu’il s’agisse de la résidence principale, des biens mobiliers ou des placements financiers.

Le conjoint survivant peut choisir entre l’usufruit total de la succession ou un quart en pleine propriété. Cependant, cette option n’est disponible que si tous les enfants sont issus du couple. Si des enfants d’une autre union sont présents, le conjoint survivant ne peut prétendre qu’à un quart en pleine propriété.

L’usufruit du conjoint survivant est soumis à certaines règles. D’une part, il est tenu d’assurer l’entretien courant des biens et de respecter les droits des nu-propriétaires, généralement les enfants. D’autre part, il ne peut pas vendre les biens sans le consentement des nu-propriétaires.

Il est également possible de transformer l’usufruit en rente viagère ou en capital, sous certaines conditions. Cette option peut être intéressante pour le conjoint survivant, en fonction de sa situation financière et de ses besoins.

Exemple d’application de l’usufruit en cas de donation

L’usufruit peut être utilisé de manière stratégique lors d’une donation pour optimiser les aspects fiscaux. Prenons l’exemple d’un père qui décide de faire une donation à son fils tout en se réservant l’usufruit. Dans ce cas, seul le droit de la nue-propriété est transmis au fils, ce qui réduit l’assiette taxable et donc les droits de donation à payer.

L’usufruitier, ici le père, conserve le droit d’utiliser le bien et d’en percevoir les revenus, comme des loyers dans le cas d’un bien immobilier. En revanche, il ne peut pas vendre le bien sans l’accord du nu-propriétaire, ici le fils.

Si l’usufruit est temporaire, à l’issue de la période définie, la pleine propriété se reconstitue automatiquement au profit du nu-propriétaire. Si l’usufruit est viager, il s’éteint au décès de l’usufruitier, permettant au nu-propriétaire de récupérer la pleine propriété.

Cette stratégie de donation avec réserve d’usufruit peut notamment être utilisée pour transmettre un patrimoine tout en conservant les revenus qu’il génère.

L’usufruit et la nue-propriété dans le cadre d’un testament

Dans le cadre d’un testament, on peut décider du partage de ses biens en déterminant qui va hériter de l’usufruit et qui va recevoir la nue-propriété. Cette répartition peut être pertinente pour répondre à diverses préoccupations, comme assurer un revenu à un bénéficiaire ou maintenir un bien dans la famille. Par exemple, le testateur peut léguer l’usufruit d’un bien immobilier à son conjoint, lui permettant ainsi d’habiter le logement ou d’en percevoir les loyers, tout en attribuant la nue-propriété à ses enfants. Cette démarche garantit que le bien sera transmis en pleine propriété aux enfants à la fin de l’usufruit, généralement prévue au décès de l’usufruitier. Pour être valide, ce partage doit être clairement exprimé dans le testament, qui peut être rédigé sous différentes formes : olographe, authentique ou mystique. Il est conseillé de consulter un notaire pour assurer la conformité du testament avec la législation en vigueur.

Peut-on vendre une maison en usufruit ?

La vente d’une maison en usufruit est possible mais implique certaines conditions. L’usufruitier a le droit de vendre son usufruit, cependant, pour que la vente de la maison se fasse en pleine propriété, l’accord du nu-propriétaire est nécessaire.

La répartition du produit de la vente se fait selon la valeur respective de l’usufruit et de la nue-propriété, déterminée notamment par l’âge de l’usufruitier selon l‘article 669 du Code général des impôts.

Attention, vendre son usufruit implique une perte de jouissance du bien. Il faut donc bien peser les pour et les contre avant de prendre une telle décision.